7 octobre 2013

Les gestes qui sauvent...

« Tu m’envoies une autre équipe SMUR en vitesse ! ».


Tiens, ce n’est pas fréquent qu’il demande du renfort lui, surtout à peine arrivé sur place ?!

Photo non contractuelle.
Pourtant au départ c’était un appel banal… du moins quand on travaille, comme moi, en tant qu’Assistante de Régulation Médicale au SAMU. Celle qui dit « Le SAMU bonjour » toutes les deux minutes, jour et nuit. Brave soldat qui monte au front, en première ligne, face aux hurlements déchirants, sous le feu nourri des insultes, au milieu des pleurs de ceux qui restent. C’est sans doute pour ça que l'on nous appelle des ARM et qu’on porte un casque !


Un appel banal donc, du genre « venez vite, il est mort ».

Quand j’ai débuté mon job, dans un département où les sardines ont une fâcheuse tendance à boucher les ports, on m’avait d’ailleurs briefé dès le premier jour sur ce motif d’appel: C’était simple, il fallait répondre « Passez-le-moi ».  J’ai eu à le faire trois fois en un an, et à chaque fois on m’a passé la personne en question. Le pire, c’est que maintenant, quand je le raconte, tout le monde croit que c’est moi qui exagère!

Mais ici, autre lieu, autres mœurs. Quand on te dit ça, c’est moins drôle, tu appuies juste sur le gros bouton rouge « Départ réflexe ».

C’est après que ça se corse. Il nous faut garder l’appelant en ligne pour le guider dans les premiers gestes de secours. Parce que si tout le monde reste les bras croisés sur place, la conscience tranquille d’avoir appelé, pensant avoir « fait ce qu’il fallait », autant vous dire que les chances de l’intéressé fondent comme du beurre sur des carottes déjà cuites.

Alors, on explique en deux minutes comment installer la victime, où poser ses mains, à quel rythme comprimer la poitrine, bref, tout ce que les Anglo-saxons savent depuis la maternelle. Et la plupart du temps, ça se passe très bien, les gens coopèrent, se sentent utiles et le sont.

Là, pour une fois, ça n’a même pas été nécessaire, la dame nous a dit que le voisin était déjà en train de pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire et c’était vrai. Mais il faut croire que la vie n’est pas faite de certitudes et d’absolu. Il y a aussi les trucs qui n’arrivent jamais. Les trucs trop énormes.

« C’est bon pour l’autre équipe? Et un autre VSAV aussi? Son voisin a fait un arrêt à son tour en le massant !»

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