10 juin 2011

Un univers virtuel pour un diplôme médical bien réel.

Trois millions trois cent mille exemplaires du dernier épisode du jeu massivement multi-joueurs en ligne « World of Warcraft » ont été vendus dès le premier jour de sa commercialisation (1) : Les mondes virtuels font, aujourd’hui même, partie du quotidien d’un nombre sans cesse croissant de personnes.

Second Life (2) est un univers virtuel largement répandu (cinquante mille connectés en permanence) entièrement créé par ses propres utilisateurs. Institutions, écoles, universités, hôpitaux, essentiellement anglo-saxons, y ont naturellement trouvé leur place pour communiquer, former, instruire ou simuler.

Après une première expérience positive menée aux côtés du Collège Midi-Pyrénées de Médecine d'Urgence qui a accepté d'organiser un cours sur les brûlures dans Second Life en Décembre 2010 (3) nous avons souhaité aller plus loin.

C'est chose faite grâce aux enseignants de la Capacité de Médecine de Catastrophe de Toulouse (4) qui ont vu dans cet outil une occasion unique de mettre leurs étudiants en situation, y compris dans des scenarii dépassant tout ce qu'il serait possible de mettre en oeuvre lors d'exercices "grandeur nature".



Il fallait donc trouver un terrain, bâtir un environnement réaliste, trouver les axes pédagogiques à mettre en avant, imaginer des exercices de difficulté croissante, former vingt personnes et monter une évaluation.

Un terrain équivalent à une surface 4ha a été loué sur Second Life et de nombreux bâtiments y ont été placés, représentatifs des différentes facettes d'une ville (quartier résidentiel, tour, hôtel, centre de congrès, bâtiment industriel, squat, espaces verts) et de ses secours (pompiers, SAMU, hôpital).

Un scénario y a été développé sur la base d'un crash d'avion entrainant de multiples sur-accidents (incendie, accident de la route, effondrement d'immeuble, évacuation d'un quartier), chacun d'eux pouvant être traité individuellement à des fins didactiques.





Un cours d'autoformation à Second Life a été mis en ligne sur une plateforme Moodle connue des étudiants afin d'accélérer leur prise en main de l'outil (5).

Une journée de prise en main a été organisée pour permettre aux étudiants de s'approprier l'outil et les gadgets spécifiques mis en oeuvre pour l'exercice (talkie-walkies, véhicules de secours, fiches bilan des victimes).


Une deuxième journée a été réservée aux exercices eux même, de difficulté croissante:

Prise en charge d'une seule victime dans un contexte de secours classique

Prise en charge d'un crash aérien avec plan rouge en place mais en n'étudiant qu'une seule victime et son cheminement.
Prise en charge complète d'un Accident catastrophique à effet limité (6 Victimes).

L'écueil principal a été d'ordre technique. Il était demandé aux étudiants de venir avec leur propre ordinateur portable. Certains n'en disposaient pas, ou bien trop anciens pour accéder à Second Life (6). La configuration à la volée d'ordinateurs de prêt n'a pas toujours été simple pour eux.

Au delà des problèmes techniques liés à l'aspect expérimental de cette démonstration, les premiers constats sont très favorables :

Tout d'abord sur la faisabilité:
Preuve est faite qu'un univers virtuel en ligne permet un jeu de rôles sérieux, réaliste, où les interactions et les communications entre les acteurs d'une chaîne de secours peuvent être appris, reproduits, analysés, voir corrigés en cours d'exercice.

Ensuite sur le réalisme:
Si rien ne remplace un exercice grandeur nature, on dégage là un véritable point forts de l'exercice virtuel:
La disparition des observateurs du champ visuel des étudiants qui se retrouvent en immersion complète dans la situation. Les observateurs peuvent suivre chaque action à distance par des mouvements de caméra.

Enfin sur les aspects pédagogiques:
- possibilité d'attribuer des rôles clés à des étudiants, les exercices grandeur nature leur réservant actuellement le rôle de victime au sein d'un exercice réalisé par des professionnels.
- possibilité d'interrompre l'ensemble des participants dans un véritable "arrêt sur image" pour corriger les erreurs bloquantes, en faisant profiter des remarques l'ensemble des étudiants.
 -possibilité pour chaque étudiant quel que soit son rôle et sa position sur le terrain de simulation, de suivre l'ensemble de l'exercice grâce à la vidéo projection en direct d'une caméra d'observation ainsi qu'à leur propre caméra.

Au final, de nombreux axes d'amélioration ont pu être soulignés:
-Amélioration du support de cours en ligne sur la plateforme Moodle. (#)
-Nécessité d'une mise à disposition d'un matériel informatique homogène et fiable
-Possibilité de création préalable d'avatars pré-configurés disposant immédiatement d'un aspect et d'un équipement correspondant à leur rôle.
-Nécessité de créer un environnement d'entraînement pérenne (##) afin
*de minimiser le temps (et donc les coûts) de mise en oeuvre.
*de permettre une auto-formation des étudiants à leur rythme
-D'élargir le nombre des participants à ces exercices afin d'augmenter le réalisme (brancardage par des secouristes, collaboration avec la chaîne de commandement des pompiers)

Ces deux points soulignent l'importance de l'ouverture vers d'autres services et le montage d'un projet collaboratif disposant d'un financement propre.


# Cette évolution est aujourd'hui réalisée. L'ensemble des cours en ligne a été refondu en fonction des lacunes constatées.

## Des contacts ont été pris pour qu'un environnement à vocation universitaire, puisse voir le jour, en collaboration avec Dental Life.

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